Courrier envoyé à Pro Liturgia par une abonnée

Publié le par Pro Ecclesia

"Que doivent faire les laïcs pour avoir la liturgie demandée par l'Eglise et précisée dans le Missel ? Chaque paroisse, chaque communauté, chaque curé fait désormais prévaloir ses goûts en liturgie et se moque pas mal de ce qu'enseigne le Pape. Et nous, nous devons faire avec...

 

Ma génération est celle de l'après concile. Pour ma part, je n'ai connu que des messes dites "conciliaires" et dès mon adolescence j'ai eu droit aux "messes pour jeunes" qui sincèrement me dérangeaient.

 

De mes parents catholiques pratiquants, je n'ai jamais entendu de réflexion de leur part sur les changements liturgiques qu'eux ont connus... Etaient-ils d'accord ? N'étaient-ils pas d'accord ? Je ne l'ai jamais su. Ils m'ont donné l'impression de tout accepter.

 

J'ai fait des études musicales et j'ai été amenée très vite à former une chorale paroissiale et être chantre et organiste. C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je me suis lancée dans cette "activité" avec toute ma foi et la conviction que Dieu me demandait dans cette tâche. Et j'ai fait comme j'ai toujours vu faire et comme on me demandait de faire : chansonnettes, participation dite "active" des adultes et enfants, etc...

 

Cependant, une très lente mais profonde remise en question s'est faite depuis presque dix ans maintenant. Inévitablement mon regard se tournait vers le grégorien au sujet duquel je ne connaissais rien ! Je m'y suis tournée, très timidement d'abord, mais inévitablement car j'ai deviné que là se trouverait la réponse à bien des questions que je me posais.

 

Voilà à présent trois ans que je dirige une chorale grégorienne dont les participants sont tous amateurs... mais très enthousiastes. Or en trois ans, nous n'avons chanté que quatre messes en grégorien. Et la dernière fut une "catastrophe" : trois personnes dans l'assemblée ... la neige était responsable en grande partie de cette situation, mais pas seulement !

 

Notre nouveau curé, pour qui cette "expérience grégorienne" était la première, m'a bien fait comprendre qu'à l'avenir, il ne voudrait plus ce genre de messe. Alors, avec la chorale, nous avons imaginé autre chose : intégrer à "doses homéopathiques" du grégorien dans les messes dominicales.

 

C'est très peu et je doute que cela puisse porter réellement du fruit car notre curé fait sentir que ces chants sont introduits contre sa volonté : il n'aime que les messes "attrayantes", des célébrations consensuelles qui le laissent en paix avec tous les fidèles dont je me demande parfois ce qu'ils trouvent en venant à la célébration dominicale. Pour l'instant, je ne vois que cette solution...

 

Malheureusement, mon enthousiasme diminue et mon moral est loin d'être au beau fixe. Je me demande de plus en plus à quoi bon faire l'effort d'aller à la messe le dimanche si ce n'est que pour subir des liturgies bidouillées qui, cinq minutes après qu'elles aient commencées, me donnent déjà envie de massacrer le célébrant... ou de quitter les lieux.

J'avoue être à deux doigts de laisser tout tomber... à l'exemple de bien d'autes fidèles qui ont cessé toute pratique.

 

J'en suis actuellement à méditer les paroles que le Saint-Père s'est vu obligé d'adresser aux évêques en complément de son Motu proprio Summorum pontificum: "(...) en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité; cette créativité a souvent porté à des déformations de la liturgie à la limite du supportable. Je parle d'expérience, parce que j'ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j'ai constaté combien les déformations arbitraires de la liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l'Eglise."

 

Merci, Saint-Père, d'avoir rappelé à nos évêques, à nos prêtres, que les déformations de la liturgie ont blessé et blessent encore des personnes totalement enracinées dans la foi de l'Eglise. Le problème, Très Saint Père, c'est que je suis de plus en plus persuadée, au vue de la situation que je connais, que certains de nos pasteurs - évêques, curés... - tout comme certains fidèles dont la mentalité a été formatée par la pastorale désastreuse de ces années post-conciliaires, ne veulent plus vous entendre, ne peuvent plus vous comprendre."

 

Source : Pro Liturgia

Publié dans Liturgie

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