"Des personnes qui se donnent pour catholiques (...) essaient par l'intérieur de détruire l'Église sous prétexte de réforme et de progrès" (D. Von Hildebrand)

Publié le par Pro Ecclesia

"Il faut pourtant insister dès l'abord sur le fait que la destruction de l'Église est visée pour deux motifs tout à fait différents. Dans l'un des deux cas, il s'agit d'une conspiration afin de miner la Foi, de détruire l'Église – comme il en a existé de tout temps – mais avec cette différence, que l'on veut saboter l'Église non plus de l'extérieur mais à partir de l'intérieur. C'est là proprement le système de la « cinquième colonne ». Des personnes qui se donnent pour catholiques, qui occupent des charges dans l'Église, essaient par l'intérieur de détruire l'Église sous prétexte de réforme et de progrès. - S'en distinguent entièrement ceux qui ne veulent pas détruire l'Église comme telle, c'est-à-dire qui ne visent pas la disparition de l'Église, mais qui veulent la transformer, en faire quelque chose qui soit en totale contradiction avec le sens et l'essence même de l'Église. Ce groupe comprend tous ceux qui veulent faire de l'Église de Jésus-Christ une société purement humanitaire, qui lui volent son caractère surnaturel, qui veulent la séculariser et la désacraliser. Ils ont en commun avec les ennemis de l'Église qu'ils se camouflent sous les mots de réforme, de progrès, d'adaptation à l'homme moderne. Mais ils voudraient ne pas réduire l'Église à néant. Pour eux, les slogans de réforme, de progrès ne sont pas de simples astuces, mais des objectifs auxquels ils croient.

Les activités de ce groupe aboutissent au même résultat, même si les motifs sont différents. Ils se récrieraient avec énergie si on leur disait que leur intention est de détruire l'Église. Mais ils ont perdu la vraie foi chrétienne au point de ne plus comprendre que cette organisation sécularisée et humanitaire, en quoi ils veulent transformer la Sainte Église, n'a plus rien de commun avec l'Église de Jésus-Christ et que, s'ils pouvaient atteindre leur but, ils détruiraient l'Église.

Henri de Lubac s. j. a indiqué ce danger en termes saisissants : « On se rend compte que l'Église est confrontée avec une crise profonde. Sous le nom d'Église nouvelle, d'Église post-conciliaire, on s'efforce souvent de bâtir une Église autre que celle de Jésus-Christ : une société anthropocentrique, qui est menacée d'une apostasie immanente et qui se laisse entraîner à n'être plus qu'un mouvement de laisser-aller général sous le prétexte de rajeunissement, d'oecuménisme ou de réadaptation (1) »."

 

(1) Père de Lubac s. j. : extrait d'une allocution prononcée au congrès mondial de théologie tenu à Toronto en août 1967. Cité par « Témoignage chrétien », Paris, 1er septembre 1967.

 

Source : La Vigne ravagée, Dietrich Von Hildebrand. 

Publié dans Pensées libres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article