Lettre d'un laïc à un évêque de France

Publié le par Pro Ecclesia

Monseigneur,

 

Aujourd'hui c'est dimanche : le "jour du Seigneur", comme on dit.

Comme pour un certain nombre d'autres dimanches qui ont précédé celui-ci, je n'irai pas à la Messe, rejoignant par là tous les catholiques de ce pays qui ont choisi de ne plus aller à l'église.

Nous formons le gros des troupes : 95% de baptisés devenus non-pratiquants ! C'est la réalisation du rêve de vos prédécesseurs : moins de monde aux messes, mais des assemblées de plus grande qualité. Avec 5% de pratiquants, les assemblées dominicales ont désormais le label "qualité supérieure", non?

 

Et je vais vous dire tout de go, Monseigneur, que si je ne vais pas à la messe, c'est de votre faute. Oui, de votre faute : vous êtes le premier et le seul responsable de cette situation. Permettez que je vous explique pourquoi : vous êtes, dit-on, le "gardien" et le "promoteur" de la liturgie de l'Eglise. Or vous ne gardez rien... Ou plutôt, si : vous gardez une situation catastrophique héritée de vos immédiats prédécesseurs, vous préservant bien d'y apporter la moindre amélioration. Vous ne promouvez rien... ou plutôt, si : vous faites la promotion des prêtres réputés pour être les grands saboteurs de la liturgie de l'Eglise.

 

La logique voudrait, bien sûr, que j'aille à la messe dans ma paroisse puisque nous avons la chance d'avoir encore un curé sur place, aidé d'un autre prêtre.

Le problème, c'est que je n'ai nulle envie d'aller à l'église paroissiale pour avoir des montée d'adrénaline à l'audition des "cantiques-pour-attirer-les-jeunes" que la chorale tente vainement de faire chanter à une assistance de septuagénaires, ou encore à la vue d'une poignée de fidèles "engagés" qui me laissent deviner que sous prétexte d' "animer" la liturgie (mais a-t-on sérieusement besoin d' "animer" la liturgie en présence du Seigneur, seul véritable "Animateur"?) ils ont surtout en vue de transformer la célébration de l'Eucharistie en une "Piste aux Etoiles" où le célébrant ferait office de Monsieur Loyal.

Je sais ce que vous allez me répondre, Monseigneur : "Il y a d'autres églises, d'autres messes davantage à ma convenance..." Votre argument-excuse ne tient pas. Et ce, pour plusieurs raisons.

 

1. Une messe n'a pas à être "à ma convenance". Ou bien c'est une messe, ou ça n'en est pas une. Indépendamment de "ma" convenance. Entre les deux, il n'y a rien qui vaille : pas de demi-messe, pas de semi-liturgie. Relisez Benoît XVI, Monseigneur : vous y apprendrez - si cela vous a échappé - que la liturgie ne se fabrique pas à la "convenance" des uns et des autres, mais se reçoit de l'Eglise. Je suis tout disposé à recevoir la liturgie de l'Eglise... si seulement, Monseigneur, vous acceptiez de me la donner, de la donner à tous les fidèles du diocèse dont vous avez accepté d'être le pasteur.

 

2. Aller ailleurs ? Mais, Monseigneur, ignorez-vous que la mode des "secteurs paroissiaux" où tout est nivelé par des commissions ad hoc par vous nommées, fait que dans les 10 clochers de notre doyenné, c'est la même liturgie qui est célébrée : mêmes "laïcs engagés", mêmes cantiques ineptes, même absence caractérisée du plus élémentaire ars celebrandi... Même si pour l'instant, dans la paroisse voisine dont il la charge, notre curé n'a pas réussi à éliminer les quelques enfants de choeur dont le service liturgique se limite désormais à faire "pot de fleur".

 

3. A vrai dire, aller dans une "autre église" m'obligerait, pour trouver enfin une célébration liturgique digne de ce nom, à faire 40 km aller-retour pour suivre la forme "extraordinaire" du rite romain. (Ah, Monseigneur ! Vous n'imaginez pas comme cette dernière petite phrase va faire bondir de joie certains "traditionalistes" opposés au Concile et qui pensent que la "réforme de la réforme" voulue par Benoît XVI relève de l'utopie la plus totale.) Parenthèse fermée : revenons à l'essentiel. Que vous ayez "charitablement" autorisé cette forme "extraordinaire", c'est bien. Mais, Monseigneur, pouvoir assister à la liturgie de l'Eglise célébrée sous sa forme "ordinaire" relèverait-il aussi de votre charité ? N'est-ce pas plutôt un droit élémentaire ?

 

Or ce droit, vous me le retirez ; vous le retirez d'ailleurs à tous les fidèles qui - comme c'est mon cas - sont davantage attirés par la forme "ordinaire" d'une liturgie (celle que célèbre Benoît XVI) qui n'est pas votre préoccupation essentielle puisque vos récentes déclarations portent davantage sur le réchauffement de la planète ou la construction des mosquées.

 

Monseigneur, je lisais hier encore la déclaration que vous aviez signée - avec d'autres évêques - au lendemain de la publication du Motu proprio Summorum pontificum par le Saint-Père. Vous déclariez votre attachement au concile Vatican II... et à sa liturgie.

 

Je reste encore effaré devant tant d'hypocrisie.

 

Bon dimanche à vous.

 

Source : Pro Liturgia

Publié dans Liturgie

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